Dans sa boutique de Mornant, Sophie Richart-Luna savoure son métier. Elle est fromagère à son compte depuis trois ans. Les fromages, les clients, l’entreprise, tout la passionne. Et elle le montre !

Un pied calé sous la table pour avoir la force de couper une meule de comté, la crémière de Mornant, pétillante et dynamique, se donne à fond dans son activité. Elle y croit, elle a la niaque. Elle adore ses produits : les fromages. Sophie Richart-Luna a débuté dans le métier à 15 ans, comme apprentie chez le maître affineur de Roquebrune-sur-Argens, Robert Bedot.

“Je suis tombée amoureuse du fromage grâce à la passion communicatrice de mon maître d’apprentissage”, se souvient-elle, encore reconnaissante envers son mentor. CAP en poche, elle change de monde et travaille deux ans au rayon fromage d’un supermarché.

Avant d’arriver dans le Lyonnais et, après quelques petits boulots, de retrouver un environnement qui lui convient : chez Didier Lassagne, fromager de renom, MOF 2007. Un arrêt maternité plus tard, elle est cette fois-ci décidée à monter sa propre fromagerie. Le hasard fait bien les choses : en balade dans le village de ses beaux-parents — Mornant — elle découvre un pas de porte à reprendre, dans la rue commerçante.

C’est là qu’elle implante Histoires de fromages. Nous sommes en novembre 2013. Geste symbolique : Robert Bedot épaule sa protégée pour sa première journée de chef d’entreprise.

À Noël, c’est la folie : Sophie travaille jour et nuit ! Revers de la médaille : des journées à rallonge, des semaines qui n’en finissent pas. Sans compter Noël. “À cette époque de l’année, mon mari et ma belle-mère viennent m’aider. C’est la folie, ils me détestent !” lance-t-elle dans un éclat de rire. Malgré la réussite, difficile de se tirer un vrai salaire. Et dans ces conditions, l’espièglerie de Sophie Richart-Luna force le respect.
Et c’est le succès. “Ce jour-là, le magasin n’a pas désempli. Depuis, les clients sont toujours au rendez-vous !”
C’est une jeune femme forte mue par trois moteurs : le fromage, le client et l’enthousiasme de l’entrepreneuriat.

Sa spécialité ? Les fromages céronnés : ces fromages à la croûte marron qui part en poussière, vieillis très (très) longtemps. À l’origine, elle a acheté un vieux cantal céronné pour ensemencer les autres produits. Et depuis, les petites bêtes (oui, les cérons sont des animaux !) vivent leur vie dans les caves d’affinage d’Histoires de fromages.

En réalité, la grande passion de Sophie, c’est de travailler le fromage. Tous ses petits lactiques fermiers (surtout des chèvres) qu’elle a rigoureusement sélectionnés auprès de producteurs dont elle est “fan” : elle les achète “blancs” pour les affiner elle-même. Elle réalise aussi ses Brillat Savarin fourrés à la truffe, ses camemberts au Calvados ; et avec du caillé de chèvre, elle mélange de la confiture, du safran, voire du chocolat. “Avec toutes mes productions personnelles, je m’éclate”, résume-t-elle dans un nouvel éclat de rire.

Bref, Sophie Richart-Luna est une artisane qui se nourrit de fromage, certes, mais aussi “des compliments des clients”. Ça aide à oublier le gros emprunt [sic] qu’il faut rembourser ou encore les difficultés à trouver un apprenti qui veuille bien se donner la peine de travailler. Car du travail, il va y en avoir. Sophie envisage de démarcher les restaurants. Et d’ouvrir un site internet pour la vente à distance. Et à plus long terme… d’exporter ! “Enfant, je rêvais d’être une femme d’affaires. Je ne m’arrête jamais d’avoir des objectifs !” La working-girl est dans la place !

“Être artisan ? C’est transmettre ma passion à mes clients en leur faisant découvrir des produits de qualité et, parfois, insolites”


Sophie RICHART-LUNA
Fromagerie
Histoire de fromages
7, rue de Lyon 69 440 Mornant
http://www.histoiresdefromages.fr/


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